Les politiques d’éducation prioritaire questionnées dans le dernier numéro de la revue de l’AFAE
Les politiques d’éducation prioritaire questionnées dans le dernier numéro de la revue de l’AFAE
Témoignages d’acteurs de l’éducation prioritaire, analyses de chercheurs et prises de position. Voici ce que propose le dernier numéro de la revue trimestrielle de l’Association française des acteurs de l’éducation (AFAE), publié en décembre 2019. Intitulé "L’éducation prioritaire, une politique publique contre les inégalités ?", cet ouvrage, qui questionne les politiques d’éducation prioritaire, est coordonné par Marc Bablet, ancien chef du bureau de l’éducation prioritaire et des dispositifs d’accompagnement à la Dgesco, et Annie Tobaty, IGÉSR.
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Le dernier numéro de l’AFAE (1) est publié alors qu’une réflexion est en cours sur la territorialisation des politiques éducatives et qu’une réforme de la carte de l’éducation prioritaire est prévue pour 2021 (lire sur AEF info). Dans leur éditorial, Marc Bablet et Annie Tobaty estiment d’ailleurs que les derniers rapports parus sur le sujet ("Territoire et réussite" d’Ariane Azéma et Pierre Mathiot, la mission d’information sénatoriale sur "les nouveaux territoires de l’éducation", le rapport de la Cour des comptes d’octobre 2018) "ont remis en cause, partiellement au moins, le caractère national et public de [la politique d’éducation prioritaire]".
La publication, écrivent-ils alors, "propose une relecture de cette politique, sans tabous et sans œillères". Elle est faite par "des acteurs qui en ont porté ou en portent encore la mise en œuvre ainsi qu’à des chercheurs".
Voici quelques-uns des sujets abordés dans les 23 articles qui constituent le numéro :
témoignage de la mise en place de la politique de l’éducation prioritaire dans l’académie de Montpellier par son ancienne rectrice, Béatrice Gilles ;
présentation des intentions et des grandes orientations qui ont guidé la dernière refondation de l’éducation prioritaire par l’ancien directeur de cabinet de la ministre de l’Éducation nationale Bernard Lejeune ;
questionnement des leviers pédagogiques et organisationnels de cette politique par quatre inspecteurs généraux (2). Ceux-ci s’interrogent notamment sur les effets contrastés du dédoublement des CP et des CE1 : "La réduction des effectifs ne constitue pas en soi une réponse aux difficultés d’apprentissage. Elle peut même s’avérer préjudiciable quand l’interaction entre l’élève et l’enseignant devient permanente, basculant vers une sorte d’activisme empêchant tout apprentissage réel et durable", écrivent-ils ;
relations entre recherche et éducation prioritaire ;
la formation des enseignants ;
la difficile coopération avec les parents ;
les diverses pratiques d’évaluation de cette politique (celles de l’IGÉSR, de la Cour de comptes et de la Depp).
En conclusion, la publication présente trois points de vue sur "l’avenir souhaitable de l’éducation prioritaire" :
Marc Douaire, président de l’OZP, affirme qu’il faut garder le principe d’une labellisation et d’une politique spécifique, mais en inscrivant l’action éducative dans la durée, en renforçant l’action pédagogique et en soutenant les transformations de métiers à l’œuvre en éducation prioritaire.
Alain Boissinot, Igen et ancien recteur, pense qu’il faut en finir avec une politique nationale, uniforme, au profit d’une gestion par les académies.
Enfin, l’enseignant Laurent Clavier, enseignant en Seine-Saint-Denis depuis 25 ans, appelle à "changer l’école, oublier l’éducation prioritaire".
(1) "L'éducation prioritaire, une politique publique contre les inégalités ?", revue trimestrielle de l'AFAE, n°164, décembre 2019, 20 euros.
(2) Monique DUPUIS, Benoît FALAIZE, Aziz JELLAB et Marie-Laure LEPETIT