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Comment se passe le déconfinement dans les quartiers populaires ?

 

A l’occasion d’une web conférence organisée par le Forum français pour la sécurité urbaine jeudi 28 mai, les acteurs de la politique de la ville ont dressé un bilan plutôt positif de la gestion de la crise, soulignant l’agilité et le pragmatisme au niveau local. Ils s’interrogent maintenant sur les vacances d’été et insistent sur l’importance de renforcer l’offre d’activité malgré les conditions sanitaires. 

Pendant le confinement, plusieurs voix se sont élevées pour dénoncer le non-respect du confinement dans les quartiers populaires. Une stigmatisation qui n’a pourtant pas lieu d’être selon les acteurs de la politique de la ville. Le confinement et la crise ont, selon eux, surtout révélé et exacerbé l’accentuation des fragilités alimentaires, scolaires, les questions d’isolement, de fracture numérique ou encore d’alphabétisation.

Qu’en est-il pour cette nouvelle période, dite de déconfinement ? Quels sont les besoins spécifiques dans ces quartiers ? Cette question était au centre d’une web conférence organisée jeudi 28 mai par le Forum français pour la sécurité urbaine (FFSU). « Il est certain qu’il faut avoir une approche spécifique, annonce Khalid Ida Ali, chef de projet politique de la ville à Vitry-le-François (51), et président du réseau de l’Inter-réseaux des professionnels du Développement Social Urbain (IRDSU). La situation a donné de belles choses à voir qu’il ne faut pas passer sous silence. Des jeunes qu’on a habituellement du mal à mobiliser se sont engagés spontanément. De cela doit naître le renouveau des politiques publiques. »

« A Chambéry, en Savoie, des solidarités spontanées plus ou moins structurées sont apparues, à l’initiative de personnes d’origines très différentes comme les jeunes, les retraités, les associations, abonde Dominique Bion, directeur de la prévention, de la sécurité et de la tranquillité publique. Cela a permis de cibler les familles les plus en difficulté. Il y a un enjeu fort de pérenniser ce mode d’approche en remettant le public au centre des préoccupations. »

Face à une situation aussi inédite que brutale, les acteurs locaux ont dû faire preuve de réactivité et d’agilité pour répondre immédiatement aux besoins sur le terrain. « L’affranchissement de tous les cadres institutionnels a permis à tous d’être plus pragmatique. On se rend compte dans ce genre de moment que tous les cadres que l’on met en place pour simplifier les procédures ne font qu’alourdir le système.  Cela invite à repenser la manière de faire la politique publique. Pourquoi ne pas repenser les questions de coordination au plus près des territoires, par quartier par exemple, en étant plus opérationnels et plus concrets ? poursuit Khalid Ida Ali. Il faut régler la tension entre le projet global et l’initiative locale. »

Renforcer la présence durant l’été

Un constat et une nécessité de se réinventer partagé par Julie Escudier, vice-président de Toulouse Métropole en charge de la cohésion sociale et maire de quartier de Toulouse.

Mais dans l’immédiat, c’est une autre question très concrète qui anime les réseaux : les vacances d’été qu’il faut anticiper dans des conditions particulières. « Au niveau de la métropole, nous nous sommes recentrés sur la nécessaire mobilisation de tous les services pour renforcer nos propositions, explique Julie Escudier. Malgré les règles sanitaires imposées (distanciation physique, organisation des locaux…) il faut impérativement trouver des solutions et continuer à développer des activités. » La collectivité a ainsi sollicité l’Etat, la région, le département et la Caf pour un appel à projet commun et spécifique dans les quartiers à destination des opérateurs associatifs. « Cela peut aussi passer par un recrutement massif de médiateurs et d’animateurs pour maintenir une présence de proximité sur le terrain », ajoute Khalid Ida Ali.

A Chambéry, des instances de veille territoriale spécifique pour l’été seront mises en place pour suivre en direct la vie de quartier, le fonctionnement des activités et remonter les difficultés. Les différentes structures devraient également travailler ensemble pour s’entraider en cas d’afflux de participants par exemple. Enfin, la programmation du contrat de ville a été adaptée avec une adaptation des projets au contexte.

A Bordeaux, on mise sur une programmation très vaste qui concerne l’ensemble de la ville afin de faire sortir les gens de leur quartier.

Toutes ces questions seront peut être abordées mardi 2 juin par le ministre de la Ville et du Logement, Julien Denormandie, à l’occasion d’un déplacement en Seine-Maritime. Des échanges sont prévus avec les associations locales, ainsi qu’une réunion avec la ministre du Travail, Muriel Pénicaud, regroupant les acteurs locaux de l’emploi, de la formation et de l’insertion. L’objectif est de « soutenir la mobilisation de tous pour l’activité économique, notamment pour les plus jeunes et les habitants des quartiers prioritaires », précise le communiqué de presse.

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Mathilde Elie

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